Ce médicament
bénéficie d'une Autorisation Temporaire d'Utilisation (ATU) de
cohorte. Il est indiqué " chez les patients d'au moins 18 ans
infectés par le VIH, traités par une trithérapie antirétrovirale
depuis au moins 6 mois, comportant ou ayant comporté un inhibiteur de
protéase et présentant une réponse immunitaire insuffisante en dépit
d'une réponse antivirale jugée satisfaisante. Ainsi les patients
doivent présenter :
- un nombre de
lymphocytes T CD4 < 200/mm3,
- une charge virale
contrôlée (< 5000 copies/ml),
- un bon état général,
score de Karnofsky
> 80 %,sans aucune manifestation d'infection évolutive.
L'interleukine 2
est une hormone (cytokine) qui fait partie des substances chimiques naturellement
utilisées par le système immunitaire pour s'autoréguler. Cette
substance est produite en temps normal par les cellules CD4 de
l'organisme. Les gens qui souffrent d'une infection au VIH-1 ne
fabriquent pas suffisamment d'IL-2. Cette molécule est un facteur de
croissance des lymphocytes T (CD4 & CD8).
L'utilisation de l'IL2 dans l'infection à HIV est
multiple. Contrairement aux antiviraux, l'IL2, par elle-même, ne
réduit pas la prolifération virale, ce qui est le facteur clé de la
vitesse de diminution des lymphocytes CD4. Toutefois, en augmentant la
vitesse de prolifération des CD4, l'IL2 contrecarre la perte de ces
cellules induite par le virus et pourrait prévenir le développement
d'une immunodéficience clinique. De plus l'IL2 joue comme facteur de
croissance des lymphocytes CD8 cytolytiques, qui est un élément
critique de la réponse immune spécifique du HIV. De plus, il a été
suggéré que l'IL2 pourrait activer les cellules infectées latentes,
et permettre ainsi de purger le réservoir, rouvrant ainsi un espoir
d'éradication du virus.
On peut noter, parmi les autres effets de l'IL2 sur la
réaction immunitaire, l'augmentation de la production d'autres
cytokines tels que l'interféron, le TNF(facteur de nécrose de tumeur) et l'IL6, ainsi
qu'une
augmentation de l'activité des lymphocytes tueurs (T ou NK)
et une diminution de
l'apoptose.
On a évalué l'effet bénéfique sur des patients séropositifs
de l'administration d'Il2
exogène par
différentes voies (intraveineuse ou sous cutanée), à différentes
posologies et différents schémas thérapeutiques.
La voie sous cutanée,
montrent des effets comparables à ceux de la voie intraveineuse pour
les mêmes posologies.
De plus une comparaison de deux posologies, 3 et
15 millions d'UI par jour, fournit des résultats voisins, même si
l'accroissement du nombre de lymphocytes CD4 est beaucoup plus rapide
avec le plus fort dosage. Les résultats sont prometteurs pour les
patients qui, en dépit d'un contrôle de leur charge virale par un
traitement antiviral standard, conservent un nombre de lymphocytes CD4
bas.
Un essai,
avec la voie sous cutanée (4,5 millions UI, 2 fois par jour pendant 5
jours toutes les 6 semaines) montre dès le 3ème cycle une remontée
spectaculaire des lymphocytes CD4 (+80 %).
En dépit des bénéfices biologiques
et cliniques incontestables de cette approche thérapeutique, celle-ci
est pour le moment limitée en raison de ses effets indésirables
sérieux et fréquents. On observe avec un traitement antiviral
standard 16 % d'effets secondaires sérieux et 54 % lorsqu'on y ajoute
l'IL2. Ces effets indésirables nombreux, (fièvre, frissons, fatigue,
éruption érythémateuse généralisée, anémie, diarrhée, stomatite,
troubles psychiatriques, troubles cardiaques) peuvent persister
plusieurs jours, voire plusieurs semaines après la fin d'un cycle et
limitent l'utilisation de l'IL2. Plusieurs tentatives sont actuellement
à l'essai pour réduire ou mieux contrôler les effets indésirables et
vaincre ainsi la réticence de patients potentiels à cette approche
thérapeutique.
Celles-ci vont d'une réduction de la posologie à des
molécules dérivées de l'IL2.